L’enfant qui grandit passe par de nombreuses étapes importantes d’autonomisation tout en restant très dépendant de l’adulte. « Aide moi à faire seul » préconisait Maria Montessori.
Le parent accompagne cette quête d’autonomie progressive chez son enfant par l’acceptation de le laisser faire seul, à son rythme le plus possible.
Cette quête signe le désir chez l’enfant de se libérer petit à petit de la tutelle parentale alors qu’il en a encore terriblement besoin de ses parents.
Le tout petit déjà qui se met debout se détache, s’éloigne et un jour se met à marcher seul, le processus est en marche. Dans les jeux, il explore, manipule, expérimente près de l’adulte et en même temps, seul, de façon autonome, développant ainsi sa « capacité de jouer seul ».
Sur le plan du langage il va découvrir la capacité à exprimer sa volonté, ses idées, mettre des mots sur les choses dont le pot.
Au travers de ces différentes étapes, on constate que l’enfant découvre ses capacités, ses compétences et l’adulte est là pour l’encourager, le soutenir, le valoriser à chaque fois qu’il sera capable de faire seul, de grandir.
Sur le plan de la continence, cette nouvelle étape arrive à un moment ou l’enfant a déjà bien grandi.
Il a entre 2 et 3ans. Il marche, il monte et descend les escaliers, il peut manger sans aide, il peut exprimer ses volontés, ses idées avec un certain vocabulaire.
Ces différentes capacités témoignent d’une évolution de la maturité neurologique, sur le plan des connexions neurologiques entre les muscles sphinctériens et le système nerveux central.
En effet, à cet âge, l’énurésie primaire est le signe que la maturité sphinctérienne n’est pas encore suffisante pour permettre un contrôle total de ces muscles.
Au fil des mois, l’enfant prend conscience de son corps et des sensations lies à la vessie et au rectum. Il va pouvoir s’essayer à l’apprentissage de la continence. C’est une étape importante que d’accepter de lâcher ses couches pour faire comme les grands.
Du coté des parents
Apres avoir observé les compétences de son enfant (à la maison ou à la crèche), le parent va pouvoir se lancer dans cette démarche d’apprentissage d’une nouvelle habitude pour son enfant.
Le parent n’a pas le privilège de l’ambivalence, et de son coté l’enfant veut grandir mais pas trop vite. Et c’est lui qui décide. En effet, en grandissant l’enfant prend conscience de son petit pouvoir, celui de décider et de s’affirmer en s’opposant.
Pas de panique, pas d’inquiétude, de la confiance. Les tensions seraient dommageables et bloqueraient le processus en cours.
Il va le faire, surtout à la faveur des beaux jours, et surtout s’il est convaincu que grandir en fait c’est plutôt bien. L’enfant lui aussi est ambivalent, il veut bien mais pas toujours.
Au fil des semaines, vous allez observer que la couche est sèche pendant plusieurs heures et ensuite plusieurs jours, ce sera le moment de ne plus en mettre et de l’habiller avec des vêtements et non plus des couches.
Parfois l’enfant ne fait pas cette évolution au même rythme à la maison et à la crèche. Il peut suivre le groupe aux toilettes à la crèche et garder les couches avec ses parents, ou bien préférer faire plaisir aux parents à la maison et garder encore ses couches à la crèche. On observe toujours qu’au bout de quelques temps, le comportement se stabilise des deux cotés.
Cette acquisition peut être fragile au début. Si il y a trop de « fuites », ne pas hésiter à remettre des couches. Nous ne sommes pas à l’abri des régressions, en particulier lorsque l’enfant est confronté à des situations fortes en émotion comme un déménagement, la naissance d’un enfant ou un souci à la maison par exemple.
Ces allers/retour dans ce processus d’autonomisation se retrouvent aussi dans d’autres domaines comme le langage (il se remet à parler bébés, ou le fait de ne plus manger seul).
La régression est un mécanisme de défense qui permet de donner des signes d’insécurité et de besoin de réassurance à son entourage.
Le parent accompagne son enfant dans ce processus d’autonomisation au jour le jour en acceptant de le laisser faire, en le valorisant chaque fois qu’il fait des choses de grands, en allant à son rythme, en confiance.
Isabelle Lelouvier, psychologue de la crèche de Gambetta