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Comment comprendre les comportements du jeune enfant aujourd’hui ?

Publié par
Les psychologues
le
26/4/2019

Nombreux sont les adultes, parents et professionnels qui sont dans l’incompréhension face à certains comportements du très jeune enfant. Pourtant, la connaissance scientifique aujourd’hui peut nous éclairer sur le sens de ces attitudes qui paraissent souvent exagérées à l’adulte qui assiste impuissant à ces manifestations émotionnelles.

Tout d’abord, il faut rappeler que le petit d’homme naît inachevé, son cerveau est encore très immature, ce qui va générer un état de dépendance extrême à l’adulte pendant de nombreuses années. Sa dépendance n’est pas que physique, elle est aussi affective, du fait de l’importance des émotions dans notre rapport au monde.

Il est facile de constater que son développement n’est pas fini au bout de 9 mois de gestation. La raison en est qu’il a fallu des millions d’années à notre cerveau pour atteindre le niveau de complexité actuel au détriment de la maturité physique.

Les neurosciences nous montrent que bien que le cerveau soit déjà opérationnel dès la naissance, il n’atteindra son niveau de maturité qu’à 25 ans. Autant dire que les enfants de 0 à 3 ans en particulier, n’en sont qu’au tout début d’un très long et lent processus de maturation dont nous serons témoins à mesure que l’enfant va grandir.

Quelle est l’origine d’un comportement chez l’enfant ?

Tout d’abord il faut partir du terrain génétique, étroitement lié à celui de ses parents. Par ailleurs l’enfant va se construire au contact étroit de son environnement.

On sait que la qualité de l’environnement imprime des les premiers mois la structure du cerveau de l’enfant et donc influence son tempérament et ses futures compétences cognitives et émotionnelles. Boris Cyrulnik évoque la notion de niche sensorielle si importante les 6 premiers mois de la vie de l’enfant.

Les comportements de l’enfant sont avant tout pulsionnels, c’est-à-dire qu’il s ne sont pas contrôlables puisque le cerveau encore immature n’est pas équipé pour inhiber la pulsion, le geste qui n’est pas encore pensable mais directement soumis au cerveau émotionnel.

Il suffit de voir gesticuler un bébé, combien il lui faut de temps pour coordonner ses mouvements, le temps qu’il va mettre pour acquérir la marche, pour parler, pour dessiner un bonhomme, écrire….

Il est donc entendu qu’un enfant va acquérir la compétence à contrôler ses pulsions et ses émotions et qu’en attendant il ne sait pas le faire.

Parlons de l’apprentissage en général :

Apprendre c’est répéter et multiplier les expériences par essais et par erreurs pour parvenir à intégrer un geste, une attitude de façon automatique. Cela prend du temps, des semaines, des mois, des années parfois.

L’apprentissage dépend aussi de la qualité de l’environnement pour l’enfant. Plus l’environnement est stable, rassurant et valorisant plus son développement aura des chances d’être harmonieux.

Après voir posé ces bases, comment peut-on mieux comprendre qu’un enfant fasse une grosse colère alors qu’on lui a seulement dit qu’il fallait partir, par exemple ?

Le moteur du développement chez l’enfant, il faut bien le dire, c’est le plaisir, quand il n’est pas bridé par l’éducation et les contraintes de la réalité. Il va y avoir un conflit entre le principe de plaisir et le principe de réalité, ce qui va générer un stress.

La contrainte est source de stress pour l’enfant et plus l’enfant et jeune et immature, moins il a l’expérience de la limite, de la non réalisation de son désir, plus le stress est important.

On ajoute à cela que nous sommes tous différents dans notre capacité à gérer le stress.

Pour certains enfants, la moindre frustration peut déclencher un cataclysme émotionnel (tempérament colérique ou hypersensible), pour d’autres il suffira d’une simple distraction de son attention pour lui faire accepter la situation.

L’enfant ne fait donc pas de comédie quand il pleure ou crie, il exprime juste une émotion qu’il ne peut pas contrôler.

La dépendance de l’enfant à l’adulte va interférer de façon importante dans la lecture de ses comportements. L’enfant qui pleure ne « cherche » pas l’adulte, il en a besoin, il a besoin de son attention. Il a été touché par un état émotionnel, comme la colère, la peur, la tristesse et ne peut pas en sortir seul. Il a besoin de l’adulte pour arriver à la contenir.

Le doudou, objet transitionnel de D. Winnicott, représente un objet ressource dans lequel l’enfant par le contact, la manipulation, une solution à son stress.

Plus l’enfant est petit plus il a besoin de l’adulte, plus il grandit plus il s’autonomise et trouve ses propres solutions pour calmer ces tensions et faire avec cette réalité qui s’impose à lui comme à nous les adultes aussi.

Il semble que les adultes, selon les caractères des uns et des autres, ne soient pas toujours en mesure de contrôler leurs émotions malgré leur haut niveau de maturité. Précisément, il  faut beaucoup de patience, et de recul, pour prendre sur soi, malgré la fatigue et l’énervement parfois, pour apaiser l’enfant et l’aider à contenir ces assauts émotionnels.

Comment faire alors ?

Accepter que l’enfant ne contrôle pas et qu’il va lui falloir du temps pour y arriver, lui faire confiance.

Mettre en mots ce qui lui arrive, « je vois que tue s en colère » « je vois que tu es triste », c’est-à-dire lui reconnaître son vécu émotionnel. Au lieu de se fâcher, lui proposer de se calmer en prenant le temps qu’il faut pour que l’enfant retrouve un état de stabilité émotionnelle, avec le contact avec l’adulte et son doudou s’il en a un.

C’est seulement dans un second temps que l’on pourra reparler de la situation, à froid, quand l’attention sera à nouveau disponible, au calme pour pouvoir écouter l’adulte, et intégrer l’information, ce qui ne garantit pas du tout la disparition de la réaction à la frustration, puisqu’il faut du temps à l’enfant pour grandir.

L’enfant est en apprentissage de socialisation aussi. Il s’agit pour lui d’apprendre à tenir compte de l’autre, à décoder ses mimiques, ses mots et ses attitudes. Cette compétence relationnelle, différente chez les uns et les autres, va se mettre en place petit à petit.

Or, on constate encore à l’école maternelle, qu’il faudra encore quelques années à l’enfant

Pour parvenir à être autonome dans la capacité à rencontrer et accepter l’autre de façon adaptée.

Isabelle LELOUVIER, Psychologue de la crèche de Gambetta

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