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Comment comprendre les expressions émotionnelles fortes du très jeune enfant avec les neurosciences

Publié par
Les psychologues
le
18/2/2022

Nombreux sont les adultes qui sont dans l’incompréhension face à certains comportements de leur jeune enfant, et qui pensent encore que comprendre suffit à faire ce qu’on lui demande. La connaissance scientifique aujourd’hui peut nous éclairer sur ces comportements qui paraissent souvent exagérés pour l’adulte, qui assiste impuissant à ces manifestations bruyantes.

Tout d’abord, il faut se rappeler que le petit d’Homme nait inachevé, son cerveau est encore très immature sur le plan cortical, ce qui va générer son état de dépendance extrême pendant de nombreuses années. Sa dépendance n’est pas que physique, chez les humains, elle est aussi affective, du fait de sa grande vulnérabilité. Les expressions émotionnelles sont un mode privilégié d’expression chez le jeune enfant surtout avant la maitrise du langage.

Les neurosciences nous montrent aujourd’hui que bien que le cerveau soit déjà opérationnel in utéro, sur le plan sensoriel en particulier, il n’atteindra son niveau de maturité globale que de nombreuses années plus tard … autour de 25ans ! Autant dire, que les enfants de 0 à 3 ans en particulier, ne sont qu’au tout début de leur développement, dépendant de cette maturité neurologique qui va progresser petit à petit. Cette immaturité explique en partie l’incapacité de l’enfant à contrôler ses émotions et ses comportements pulsionnels (taper, mordre, jeter…).

La structure neurologique de contrôle des pulsions et de temporisation des émotions n’est pas encore opérationnelle chez le jeune enfant, il n’est pas encore autonome sur ce plan là, c’est donc l’adulte qui va l’aider à gérer ces tempêtes émotionnelles en attendant qu’il y arrive seul.

 

Origine multiple de l’expression émotionnelle :

-  Tout d’abord, il y a le terrain génétique, étroitement lié à ses parents, un tempérament qui lui est propre. Il y a par exemple des terrains de sensibilité, des terrains colériques….

-   D’autre part, l’environnement influence le développement de l’enfant : de nombreuses études en épigénétique nous montrent que la qualité de l’environnement imprime dès les premiers mois le tempérament de l’enfant et influence ses futures compétences cognitives et émotionnelles. Une préoccupation parentale, un conflit entre les parents, des conditions de vie difficiles, la maladie, une grossesse, …. risquent de perturber l’environnement affectif de l’enfant.

-   Sur le plan neurologique, les neurones miroirs tendent à pousser à l’imitation non contrôlée, voire à la contamination émotionnelle : une personne en colère ou triste peut générer de la colère ou de la tristesse chez un enfant.

 

Comment peut-on mieux comprendre qu’un enfant fasse une grosse colère ?

La frustration nous savons tous ce que c’est : ne pas réussir à obtenir ce que l’on voulait, ce qui déclenche un état de tension (stress) associé souvent à de l’agacement, de la colère…. un sentiment d’impuissance face à cette réalité contraignante.

Les enfants comme les adultes sont très différents dans leur rapport au stress. Pour certains la moindre frustration peut déclencher un cataclysme émotionnel (incontrôlable), pour d’autres il suffira d’une simple distraction de son attention pour lui faire accepter la situation.

 

L’enfant ne fait donc pas de comédie ni un caprice quand il est en colère ou quand il pleure ; il exprime juste une émotion qu’il n’a pas pu contrôler. L’enfant qui pleure ne provoque pas l’adulte, il a besoin de lui pour calmer la tempête.

Plus il grandit et gagne en maturité neurologique plus il s’autonomise et trouve ses propres solutions pour se calmer et faire avec cette réalité qui s’impose à lui, comme à nous les adultes.

Les premières années du développement sont jalonnées de nombreux moments source d’expression émotionnelle forte.

Par exemple : le bébé qui a faim, qui a sommeil, qui a besoin de réconfort, l’enfant face à une séparation (arrivée à la crèche par ex), pour aller se coucher, entre 2 et 3 ans, l’enfant qui grandit et qui s’affirme par l’opposition, …. L’enfant qui n’a pas son gâteau à la sortie de l’école !

 

Comment aider l’enfant à contenir ses émotions ?

-  Accepter que l’enfant soit en colère ou triste de façon bruyante, l’enfant ne le fait pas exprès.

-  Mettre des mots : « je vois que tu es triste…. en colère » ces mots permettent à l’enfant d’être reconnu et accepté même dans ces moments difficiles pour lui et son entourage.

-  Contenir physiquement, le contact avec l’adulte maternant, le père ou la mère en priorité, va aider l’enfant à contenir ses émotions avant qu’il n’en soit capable seul.

-  Le doudou, ou « objet transitionnel », très souvent le bébé, avant un an, se trouve un objet de réassurance, le doudou, objet qui lui permet de calmer les émotions ou de juste s’apaiser.

-  Poser des règles claires, stables et cohérentes.

 

Grandir prend du temps. A 3 ans, l’enfant est encore un petit enfant : il est en apprentissage chaque jour, d’intégration de cette réalité et il va développer des qualités et des compétences pour s’y adapter petit à petit. Pour cela il a besoin d’un accompagnement calme, stable et cohérent de la part des adultes qui s’occupent de lui.

Isabelle LELOUVIER - Psychologue de Gambetta

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