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L'alimentation du très jeune enfant, le temps du repas

Publié par
Les psychologues
le
28/6/2021

Dès la naissance, l'enfant est dépendant de l 'adulte pour se nourrir, contrairement à ce qu'il a connu dans le ventre de la mère, où il n'y avait pas de besoin puisque pas de manque. Il va se manifester par des pleurs pour signifier sa faim, comme on le voit , c'est un vrai de moyen de communication pour le bébé qui peut ainsi appeler l'adulte.
Le nourrissage est associé à un temps de plaisir et de rencontre avec la mère ou le père. Dans cette proximité corporelle, le bébé et le parent vont mettre en place des moyens d'échange par le regard, le contact et la communication verbale. Ce temps là participe de l'accordage affectif entre l'enfant et le parent.

L'intérêt pour la nourriture est différent d'un enfant à l'autre. On constate qu'il y a de gros mangeurs, de petits mangeurs, des bébés qui apprécient de manger, d'autres qui n'en font pas cas..
Le parent qui découvre son enfant au fil des jours et des semaines, en général pense que l'enfant qui a faim, va bien manger et aimer manger. Or, on constate combien  les enfants sont différents aussi dans leur rapport à la nourriture. Des études tendent à monter un lien significatif entre certains traits de caractère et la relation à la nourriture. Le parent va devoir s'adapter à son enfant, parfois être frustré, voire déçu de n'avoir un pas un bébé conforme à ses attentes. D'autant plus que la fonction parentale, maternelle, commence par cette fonction nourricière.

Sur le plan nutritionnel, l'enfant apprend petit  à petit à apprivoiser des goûts nouveaux. Les avis sont partagés sur l'âge auquel on introduit de nouveaux goûts (diversification) Il est important de proposer régulièrement de nouveaux aliments afin que l'enfant se familiarise petit à petit. Ce qui n'empêchera pas l'enfant d'avoir des préférences, comme les adultes.
Forcer un enfant a goûter ou à manger risque plus de le bloquer que de favoriser l'acceptation.

Le parent va donc devoir s'adapter, observer et parfois lâcher prise pour préserver la qualité de ce temps, qui reste avant tout un temps de rencontre et d'échange entre l'enfant et son parent, ou l'adulte qui s'en occupe. On va donc mettre la priorité sur la qualité de ce moment, éviter les conflits, ne pas obliger l'enfant à manger et lui faire confiance.

Si vous êtes inquiets, la courbe de poids sera un bon critère pour se rassurer  (à voir avec le médecin): « mon enfant mange peu, pourtant sa courbe de poids est correcte, donc il n'y a pas de problème ! »
On peut proposer des petites quantités si l'enfant a un petit appétit. Idem ,s'il s'agit d'un gros appétit. C'est l'adulte qui régule, l'enfant lui ,suit ses envies, or le plaisir de manger peut dépasser de loin les besoins nutritionnels du corps.
Françoise Dolto nous mettait en garde ; l'adulte doit faire la différence entre les besoins de l'enfant et ses envies, qui sont du registre du désir et pas de la survie!l « e parent est là pour satisfaire ses besoins, pas ses envies. »

Quand l'enfant grandit, il découvre ,il explore dans tous les domaines, y compris dans celui de la nourriture. Il aura envie parfois de patouiller, de malaxer au début. Puis, il va aussi apprendre à contenir ses mouvements aussi bien dans le jeu qu'au cours du repas.
Le temps du repas n'est pas un temps de jeu, ce qui n'est pas évident pour certains. C'est aussi un temps de socialisation, on y apprend à être ensemble, l'enfant apprend par imitation, il y apprend aussi les règles de bonne conduite à table. A nous de leur apprendre en évitant de jouer avec eux à table, en attirant leur attention sur ce qu'il mange, le goût, le nom des aliments. Et bien sûr, on évitera d'allumer les écrans pendant ce temps là !

En grandissant, l'enfant, ce grand observateur, parfois utilise ce moment pour manifester son opposition, par un refus verbal ou un comportement pulsionnel. Bébé, il peut détourner la tête, vis à vis d'un aliment qui ne lui plaît pas ou lorsqu'il n'en veut plus .Un peu plus tard, autour de 15 mois, lorsqu'il traverse cette phase d'affirmation de soi, en particulier vis à vis du parent, il s'oppose comme pour lui dire : « c'est moi qui décide de ce que je mange, maintenant! »

Entre 2 et 3 ans, l'enfant continue à évoluer, découvrir, explorer et traverse aussi cette phase d'opposition et de besoin de maîtrise. N'oublions pas qu'il est toujours en apprentissage, qu'il possède encore un cerveau très immature et qu'il a besoin d'encouragement et de valorisation pour faire des progrès.

L'enfant a le temps de découvrir les différents goûts au fur et à mesure, rien ne presse. Les indications des médecins aujourd'hui, comme on  le constate, sont parfois contradictoires d'une prescription à l'autre. Il suffit d'un peu de mesure et de patience pour voir l'enfant apprécier petit à petit ce que le parent va lui proposer à côté du biberon puis en remplacement du biberon de lait.

On constate à la crèche que les enfants à table, s'imitent, discutent quand ils possèdent le langage, peuvent s'opposer à l'adulte, mais plus rarement que chez eux et qu'ils ne mangent toujours pas les mêmes choses qu'à la maison, ce que les parents découvriront aussi plus tard à l'école, surtout en maternelle.

L'enfant est un grand imitateur comme nous le voyons chaque jour en crèche. En grandissant, il aura plus envie de manger comme les grands en mangeant la même chose qu'eux et en partageant le repas à la même table: manger c'est aussi une affaire relationnelle comme au premier jour, un temps de plaisir partagé à préserver.

Isabelle Lelouvier, Psychologue

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