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L'enfant et les écrans

Publié par
Les psychologues
le
2/8/2021

Aujourd’hui, les enfants baignent dans un environnement où il est difficile d’échapper à un écran, de télé ou d’ordinateur, tablette ou smartphone.
Les parents utilisent, manipulent fréquemment ces objets qui font partie de leur quotidien dès le réveil.
Alors que l’enfant apprend par imitation dès son plus jeune âge, que penser de l’influence inévitable de ces objets sur le développement global de l’enfant ? Quand et comment intégrer de façon adaptée à l’enfant ces objets actuels dans son environnement ?

Pour bien se développer, l’enfant a besoin de multiplier les expériences sensorielles, sensorimotrices, et surtout relationnelles, au contact de la réalité.
C’est dans l’action et l’interaction que l’enfant développe le mieux ses compétences motrices et sociales, et non dans une position passive.
Ces expériences sont essentielles pour son développement et répondent plus à un besoin fondamental que la confrontation au monde virtuel des écrans surtout des écrans « passifs ».

Une étude réalisée par l’UNAF de 2014 révèle quatre postures différentes des parents dans la relation avec leur enfant de moins de 3 ans :

  • Les médias au centre (l’emploi du temps intègre les écrans, télé, ordi)
  • Les médias intégrés, l’écran est considéré comme une activité parmi les autres
  • Les médias éloignés, les parents évitent d’allumer les écrans en présence de leur enfant
  • Les médias éducatifs, les parents proposent certains contenus qui peuvent avoir un intérêt éducatif.


L’écran de télévision peut avoir un impact négatif sur le développement du très jeune enfant pour plusieurs raisons :

  • par son coté addictif. L’image de la télévision est captatrice d’attention. Or souvent les programmes sont faits pour retenir l’attention, la plupart du temps à des fins commerciales avec des publicités qui passent régulièrement, publicités dont les enfants sont devenus des cibles importantes d’ailleurs. Il est donc tout à fait important de surveiller les programmes télé que les enfants vont découvrir quand ils sont devant la télévision, et il est même préférable de rester avec son enfant devant la télé même devant un dessin animé.
  • Impact sur les émotions : un très jeune enfant ne devrait pas rester seul devant un programme télé. Laisser l’enfant seul devant la télévision c’est aussi le confronter à un monde émotionnel potentiellement insécurisant.


Serge Tisseron fait remarquer que même devant un dessin animé anodin, le très jeune enfant, dont le cerveau est encore immature, peut être submergé par les émotions dont il n’a pas conscience et qu’il ne peut pas contrôler
Certaines études ont montré le caractère nocif d’une exposition d’au moins 10 min devant la télévision avant d’aller à l’école. Cela aurait une influence sur les capacités d’attention de l’enfant et le soir, sur la qualité du sommeil de l’enfant du fait des lumières LED des écrans.

Par ailleurs, Catherine Jousselme recense plusieurs dangers à cette exposition précoce :

  • Isolement de l’enfant devant la télé, excitabilité de l’écran
  • Le risque de développer un comportement addictif est très présent ; une habitude est si vite arrivée. Plus une expérience plaisir est prise tôt, plus elle a des chances de se transformer en besoin (addiction) or, l’enfant confond envie et besoin. Notre cerveau est gourmand en matière de plaisir et les concepteurs de programmes TV et de jeux le savent bien !​
  • Impact sur le langage : Il y aurait un lien entre le temps de présence devant la télé et l’appauvrissement du lexique verbal, le langage peut donc être affecté


Proposer un écran, télé ou ordinateur à un très jeune enfant est souvent une solution de facilité pour le parent, cela ne répond pas du tout à un besoin pour l’enfant surtout pour les tous petits, sauf si on a créé une habitude (ex : laisser son enfant prendre son biberon seul devant l’écran pendant que les parents se préparent).

En ce qui concerne les écrans d’ordinateurs et ou de jeux virtuels, même pour tous petits, il va être important, très tôt de poser des règles (combien de temps, à quel moment, à quel âge….). L’enfant a encore besoin de l’adulte pour veiller à la qualité de son environnement. C'est une question d'accompagnement et de dosage après 3 ans.

La frustration, c'est à dire l'interruption du principe de plaisir, est un stress inévitable, difficile à gérer seul et du fait de son immaturité, l’enfant n’a pas les capacités d'inhibition, d’analyse, de raisonnement suffisantes pour arrêter seule une activité agréable.
La frustration est désagréable et peut être source de conflit.
Elle est associée à l’apprentissage des règles et l’intégration progressive des limites ; ce qui va prendre un certain nombre d’années pour l’enfant.
On voit combien c’est encore difficile pour les adolescents et les adultes !

Chez les tous petits, installer un enfant devant un écran c’est lui donner l’illusion qu’il n’est pas seul et ainsi créer une relation de dépendance virtuelle qu’il sera parfois difficile de remplacer.
C’est la relation vraie à l’autre qui le sécurise et lui apprend à vivre ensemble.

La télé au cours du repas nuit à la communication, or ce moment partagé reste aujourd’hui un des derniers moments importants de regroupement familial où l’enfant peut communiquer avec ses deux parents et frères et sœurs et intégrer ce schéma familial, première expérience de socialisation.

Les recommandations de l’APP à l’attention de tous les enfants sans symptômes particuliers, sont claires :

  • Pas d’écran avant 3 ans (adapter le contenu à l’âge des enfants, toujours accompagné)
  • Pas d’écran le matin, avant la crèche, avant l’école, ni le soir avant le coucher
  • Pas d’écran dans la chambre
  • Pas d’écran à table


On sait bien qu’il est plus facile pour les parents de proposer la télé ou un jeu sur écran à un enfant afin de ne pas être dérangés à certains moments de la journée et rares sont les enfants qui vont s’y opposer. Or, ces temps-là font partie de l’apprentissage de l’autonomie et de la socialisation, et développent la capacité à jouer seul, sans les parents, à s’occuper ou même s’ennuyer, ce qui est source de rêverie et de créativité.

Ne diabolisons pas les écrans ! L’ordinateur ou la tablette peuvent être source d’expériences intéressantes pour l’enfant, surtout après trois ans, seul ou avec les parents ; les programmes éducatifs étant particulièrement ludiques, peuvent développer certaines aptitudes créatrices, à petite dose.

L’éducation de l’enfant passe aussi aujourd'hui par l’éducation de sa relation aux écrans le plus tôt possible. Il est certain que les écrans ne remplaceront jamais l’expérience sensorielle et les moments d’échanges et de partage qui vont construire son rapport au monde, surtout avant 3 ans.

I. Lelouvier, psychologue

(Sur internet, de nombreuses vidéos sont proposées sur la prévention en matière d'écran en particulier avec Serge Tisseron, psychiatre, psychanalyste, spécialiste de la question des effets des écrans chez l'enfant)

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