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Motricité libre et jeu libre

Publié par
Les psychologues
le
17/6/2019

En crèche de plus en plus nous laissons les enfants dès les premiers mois, libres de leurs mouvements. Ce concept nous vient d'Emmi Pikler, pédiatre Hongroise qui avait constaté dans sa clientèle que les enfants de familles nombreuses, plus livrés à eux mêmes donc plus autonomes que ceux des familles plus nucléaires où les enfants étaient plus « surprotégés », présentaient moins de chutes en grandissant.

Elle a donc mis en place un protocole d'expérimentation et d'observation dans la pouponnière qu'elle dirigeait à Loczy à Budapest, et elle a constaté que, dans un environnement favorable, lorsque l'on laissait les enfants libres sur le plan moteur le plus tôt possible, ils évoluaient en plus grande sécurité, trouvaient mieux leur équilibre en grandissant.

Ainsi chez les bébés, nous préférons d'abord laisser un bébé sur le dos sur un tapis d'éveil, ce qui est recommandé par les psychomotriciens, avec des objets à manipuler à portée de main. Cette position confortable pour son dos, lui permet de découvrir plus confortablement ce qui se passe au-dessus et sur les cotés.

La motricité libre lui offre tout loisir de jouer avec ses mains et ses pieds, et petit à petit d'explorer de nouvelles postures, en basculant de droite ou de gauche pour enfin se retourner.

D'autre part, nous ne les mettons assis que lorsqu'ils ont eux mêmes découverts cette position assise à partir d'autres positions intermédiaires.

L'exploration de toutes ces positions intermédiaires semble plus favorable au développement psychomoteur de l'enfant, parce qu'elle respecte le temps de maturité de son développement musculaire. Lorsque l'on installe un bébé assis alors qu'il n'a pas encore acquis cette posture par lui-même, on voit bien qu'il faut le caler dans des coussins, qu'il penche d'un coté et on peut facilement imaginer que cette position en fait est inconfortable pour lui.

Pourquoi le fait-on alors lorsque l'on devient parent ?

Parce que les parents le faisaient avant, ou bien parce que l'on pense que l'enfant est pressé d'être assis, ou bien parce que le parent lui même est plus ou moins consciemment pressé de voir son bébé grandir, alors que le parent est le premier à dire que le temps passe trop vite et qu'ils grandissent trop vite !

Nous avons aussi découvert en crèche, grâce aux études d'Emmi Pikler, combien ils s'explorent entre eux et se rencontrent avec leur corps et qu'avant de prendre conscience que l'autre qu'il escalade est un autre enfant, il faudra encore un peu de temps. Et pourtant, lorsque nous les observons, et que nous les laissons s'approcher et se découvrir entre eux, il y a très peu de conflits ou de manifestations d'insécurité. Au contraire, ces rapprochements possibles, ces contacts, prémices de la prise de conscience de la place de l'autre dans leur environnement, sont des facteurs favorables à ce processus de socialisation qui va aller en se précisant au fil du temps.

Un peu plus tard, proposer la motricité libre est aussi une preuve de confiance vis à vis de l'enfant. Au lieu de multiplier les interdits, ou les « attention ! » apeurés de l'adulte, celui-ci va plus l'encourager à bien se tenir, à faire attention, tout en le surveillant afin de le laisser expérimenter le plus possible. Ainsi, un petit meuble de rangement peu devenir un lieu d'escalade pour passer de l'autre coté ou juste s'asseoir dessus. On peut alors être particulièrement surpris des capacités motrices de ces petits escaladeurs.

Le jeu libre

Winnicott, pédiatre et psychanalyste anglais, des années 50 a évoqué « la capacité d'être seul » d'un enfant, voire d'un bébé. Il s'agissait de découvrir la capacité très précoce d'un enfant de se retrouver seul sans le parent, pendant de courtes périodes, preuve en était qu'il en était donc capable.

Donc un bébé sur un tapis d'éveil ou dans un transat, n'a pas toujours besoin que son parent l'occupe.

Compte tenu de notre environnement en crèche, il est heureux que nous connaissions cette compétence des bébés à explorer seul un objet ou son doudou.

Souvent les parents pensent qu'un enfant s'ennuie et ont tendance à le stimuler, lui proposer des activités pour qu'il n'y ait pas de « temps mort » . Or, ces temps sans l'adulte, sont des temps d'autonomie pour l'enfant, au cours desquels il apprend et développe ses expériences aussi bien que sa rêverie ou sa créativité.

Il est donc important de trouver un équilibre entre le jeu libre et le jeu accompagné, qui est aussi la base de sa construction relationnelle et affective.

L'enfant a autant besoin de ces moments de liberté et d'autonomie que de moments relationnels sécurisants avec les parents qui l'aident à grandir.

Isabelle LELOUVIER, Psychologue de l'établissement de Gambetta

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